« Pour moi, cette idée de l’horloge sensible est un fil rouge pour m’intéresser à la famille des objets électromécaniques sans les sacraliser. Le point de départ est un don d’un ami d’une platine vinyle hors service. Première chose à faire, je la démonte et la répare sommairement. Puis se pose la question de son utilité: je n’ai pas de vinyle mais pas non plus envie de m’en séparer. Finalement, ce tourne-disque n’est en fait qu’un lecteur/interprétateur sonore. Il lit des sillons qui font plus ou moins vibrer la tête de lecture et donne l’information aux enceintes. Un sismographe réglé en boucle sur la même secousse. Ou une variation sonore inscrites sur une durée précises. C’est ce rapport aux temps qui me donna envie de détourner cet objet en horloge. Le principe est d’inverser le rôle de lecteur du bras en un système mécanisé de traceur.
La tête de lecture est remplacée par un porte-crayon imprimé en 3D et le bras est dirigé par une carte électronique de type arduino. Les vinyle sont remplacés par du papier du même format, recueillant ce nouveau graphisme du temps: un cercle est égal à une heure. Dans la même logique de détournement, après être passé du lecteur au traceur, la métamorphose s’achève par le passage de l’interprétateur en capteur. Pour augmenter le dessin du temps, j’ai choisi d’ajouter sur la carte électronique un capteur sonore qui modifie le graphisme en fonction du volume. Le dessin du cercle varierait tels un sismographe en fonction de l’activité à proximité. Finalement en passant de lecteur/interprétateur à traceur/capteur, l’horloge sensible est dans l’intervalle entre les appareils ménagers et les objets connectés avec les problématiques qui vont avec. »
– Adrien Gallou